L’agriculture est en pleine mutation. Elle doit aujourd’hui produire plus et mieux, avec moins d’intrants non renouvelables : moins de pesticides et d’engrais chimiques, une meilleure gestion de l’irrigation, de l’énergie, etc. C’est le sens de l’agriculture écologiquement intensive. Dans son nouveau livre Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ?, Michel Griffon, fait le tour de ce virage à prendre.
Les technologies utilisées par l’agriculture écologiquement intensive reposent sur une connaissance fine du fonctionnement de l’écosystème agricole. Elles utilisent intensivement les fonctionnalités écologiques des systèmes productifs de culture et d’élevage. Par exemple, il est possible d’utiliser pleinement la capacité de photosynthèse d’une parcelle de terrain pour maximiser la production de biomasse, puis son humification de manière à réduire le recours aux engrais. Il est aussi possible d’utiliser les capacités de prédation et de parasitisme des espèces de ravageurs, cultiver des légumineuses qui utilisent l’azote de l’air pour fertiliser les sols. On peut donc concilier hauts niveaux de production avec écologie et environnement.
Concernant l’élevage, on a pris l’habitude de nourrir les animaux avec un nombre minimum d’ingrédients, ce qui a un impact sur la santé des animaux et la qualité de la viande. En réduisant l’espace vital des animaux, nous avons accru le risque de maladies. L’agriculture écologiquement intensive améliore le bien-être animal en aménageant des bâtiments d’élevage plus confortables et plus économes, en repensant l’organisation. L’aération, la circulation des animaux et l’ergonomie globale sont améliorées. L’agriculture écologiquement intensive favorise une alimentation plus naturelle et en applique une gestion intégrée des effluents d’élevage.
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Livre : Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ?
Dans Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ? (Editions Quae, 224 pages, 24€), Michel Griffon présente les différentes spécificités de l’agriculture écologiquement intensive, expose l’évolution du concept et précise les moyens d’amplifier l’usage des fonctionnalités écologiques pour l’agriculture et l’élevage. Il aborde les conditions d’une viabilité économique et sociale mondiale, considérée comme un facteur de succès de cette nouvelle forme d’agriculture.
De cette révolution technique résultera un nouveau contrat social et environnemental entre les sociétés et leurs agriculteurs. Avec le renchérissement des énergies fossiles et donc des engrais et pesticides chimiques, le passage à l’agriculture écologiquement intensive sera inévitable. Pour l’auteur, il faudra environ une dizaine d’années pour mettre en place un nouvel écosystème qui marche sur les parcelles. En revanche, il faudra 30 à 40 ans pour transformer la globalité de l’agriculture.
Président de l’Association internationale pour une agriculture écologiquement intensive (AEI), Michel Griffon veut dépasser les oppositions traditionnelles entre les différents modèles agricoles. Ces modèles doivent s’enrichir les uns les autres. « Nous ne sommes pas une chapelle, mais un lieu de discussion », insiste-t-il.
Ce livre est destiné aux professionnels agricoles et aux défenseurs de l’environnement, décideurs et gestionnaires, afin que les agriculteurs deviennent eux-mêmes les véritables défenseurs de la biosphère agricole. S’appuyant sur un panel très large d’expériences, cet ouvrage alimentera les débats des professionnels agricoles et de l’environnement afin que les agriculteurs deviennent eux-mêmes les véritables défenseurs la biosphère agricole.
Conférence de présentation du livre lors du Salon International de l’agriculture
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com