De fortes gelées ont touché la vallée du Rhône dans la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 avril. Les arboriculteurs et les viticulteurs n’ont pas pu protéger leurs parcelles. Les pertes menacent la récolte 2021.
Les dégâts sont encore difficiles à chiffrer, mais les premières remontées de terrain laissent craindre le pire. Les arboriculteurs, dont les productions sont plus avancées, pourraient être davantage touchés que les viticulteurs. « Au moins 80% de notre production est touchée », explique Daniel Betton, qui exploite 55 hectares d’abricotiers à Mercurol-Veaunes (Drôme). « Les fruits qui étaient déjà sortis ont changé de couleur. A l’intérieur, l’amande est passée de blanche à brunâtre ».
Des cultures ravagées par le gel
Lui et son fils ont utilisé sans succès des bougies chauffantes pour tenter de lutter contre le froid annoncé. « La température est devenue négative à partir de minuit et sur les coups de 7 heures, on est descendu à -4 degrés. Un petit vent a empêché la chaleur de se diffuser correctement », se désole Daniel Betton. « On a des avances de végétation d’au moins 15 jours par rapport aux autres années, ce qui fait que les conséquences s’annoncent redoutables puisque les abricots en étaient déjà au stade de petits fruits », indique Bruno Darnaud, secrétaire de la chambre d’agriculture de la Drôme, chargé de l’arboriculture.
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« Les arboriculteurs ont lutté toute la nuit. Ceux qui ont irrigué pour protéger ont eu l’effet inverse, tant le froid était sec, ils se sont retrouvés avec jusqu’à 4 centimètres de givre sur certains arbres », décrit encore BrunoDarnaud. Dans l’Ardèche voisine, « on est descendu jusqu’à moins 7 degrés dans certains vergers et même des secteurs normalement non gélifs sont concernés », annonce Bernard Habauzit, responsable de la gestion des calamités agricoles à la chambre d’agriculture.
Des feux qui engendrent de la pollution de l’air
Les moyens largement déployés par les agriculteurs n’ont pas suffi à protéger les récoltes. Certains ont arrosé les cultures, d’autres ont utilisé des canons à gaz. Ailleurs, des agriculteurs ont allumé des chaufferettes, fait brûler des ballots de paille ou des tas de bois. « L’objectif était d’avoir un écran de fumée pour qu’au moment où le soleil arrive, il ne brûle pas la vigne à cause de l’humidité », explique Rémy Nodin, vigneron à Saint-Péray (Ardèche). Mission en partie réussie, pour le jeune professionnel de 34 ans.
Dans le Rhône et la Loire, « tous les secteurs sont impactés mais il est encore trop tôt pour mesurer les dégâts », commente Christophe Gratadour, conseiller arboriculture à la chambre d’agriculture. « Nous craignons particulièrement le risque d’arrêt de sève sur les arbres qui ont subi des variations de températures importantes en quelques jours ». Fin mars, le thermomètre avait dépassé les 25 degrés sur plusieurs secteurs de ces deux départements.
Jeudi matin, les feux allumés par les agriculteurs ont généré un voile de pollution sur la vallée du Rhône. L’organisme de surveillance de la qualité de l’air Atmo Auvergne-Rhône-Alpes a déclenché une « vigilance jaune » au regard « des niveaux de particules importants ». Sa directrice Marie-Blanche Personnaz a souligné que les agriculteurs
étaient « tout à fait dans leur droit » en allumant ces feux. Ces derniers proviennent souvent de blocs de paraffine, mais aussi d’autres matières combustibles. « Mais il faudrait peut-être travailler sur le problème et trouver d’autres solutions quand le phénomène (de gel) est massif« , a-t-elle relevé.
Natura Sciences avec AFP