La certification environnementale des exploitations agricoles se répand enfin. Au 1er juillet 2020, 8.218 exploitations françaises étaient certifiées « Haute valeur environnementale » (HVE), soit 1,35 % de la SAU. Explications.
La Haute Valeur Environnementale est le niveau le plus élevé (niveau 3) du dispositif officiel de la certification environnementale. Au 1er juillet 2020, 8218 exploitations françaises étaient certifiées « Haute valeur environnementale » (HVE), soit 1,35 % de la SAU. Ce nombre a augmenté de 52,2% au cours du premier semestre 2020. C’est dix fois plus qu’au 1er janvier 2018 : les exploitations certifiées étaient alors au nombre de 841.
Ces chiffres ont été présentés à l’issue d’une réunion entre le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie et la Commission nationale de la certification environnementale (CNCE), le 18 novembre 2020. Avec 6.699 exploitations certifiées, la viticulture reste de loin la filière la plus représentée. L’arboriculture (644), les grandes cultures (411) ou le maraîchage (340), plus confidentielles, poursuivent néanmoins leur développement. Du côté des filières animales, les bovins viandes prennent la tête avec 158 exploitations certifiées. Si la HVE continue de progresser sur le territoire, la route demeure longue pour atteindre les objectifs fixés dans le Plan Biodiversité : 15 000 exploitations certifiées HVE en 2022 et 50 000 en 2030.
La Haute Valeur environnementale, ou Niveau 3
La haute valeur environnementale est le niveau 3 le plus élevé de la certification environnementale des exploitations agricoles. Elle repose sur des objectifs de résultat et constitue le seul niveau à permettre l’obtention du label « Haute valeur environnemental » (HVE).
Deux options s’offrent à l’exploitation pour atteindre cette certification. L’exploitant choisit entre une évaluation autour des quatre thèmes « biodiversité », « stratégie phytosanitaire », « gestion de la fertilisation » et « gestion de l’irrigation », soit une évaluation portant sur des indicateurs globaux. Ces deux options permettent de s’adapter aux différentes réalités rencontrées sur le terrain. Elles traduisent un même niveau d’efforts environnementaux.
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Option A : des thèmes bien définis
Pour chacun des quatre thèmes, différents indicateurs permettent à l’exploitant de marquer des points. Par exemple, le nombre de points augmente avec le nombre d’espèces végétales cultivées sur l’exploitation. Autrement, la présence de ruches rapporte un point. Pour chaque thème, la somme des notes accordé à chaque indicateur donne une note globale qui doit être supérieure ou égale à 10. Quatre thématiques supérieures à cette note suffisent pour avoir la certification.
Certains critères sont très intéressants du point de vue protection de l’environnement. Ainsi, le cahier des charges récompense le fait d’utiliser des matériels optimisant les apports d’eau ou mettant en œuvre des pratiques agronomiques pour économiser l’eau. Cela passe par l’arrosage maîtrisé, la régulation électronique de l’irrigation, la récupération des eaux pluviales, la micro-irrigation, le recyclage des eaux de lavage…
La certification comprend les critères qui manquaient à l’agriculture raisonnée, concernant notamment la réelle optimisation des traitements phytosanitaires. Ainsi, le pourcentage de la surface agricole utile (SAU) non traitée, la fréquence de traitement pour les produits herbicides, la fréquence de traitement pour les autres produits ou encore suivant l’utilisation de méthodes alternatives à la lutte chimique, rapportent des points.
Option B : Une approche globale
Lorsque l’exploitant choisit l’approche globale, il doit respecter deux indicateurs couvrant de manière synthétique l’ensemble des thèmes et indicateurs de l’option A. Le premier critère est au choix : soit le pourcentage de la SAU en infrastructures agro-écologiques est supérieur ou égal à 10%, soit le pourcentage de la SAU en prairies permanentes de plus de cinq ans est supérieur ou égal à 50%. Le second indicateur stipule que moins de 30% du chiffre d’affaires de l’exploitation est consacré aux intrants. Les intrants pris en compte sont notamment l’eau, le gaz, l’électricité, l’eau d’irrigation, les charges réelles d’approvisionnement, les prestations de service liées aux carburants et combustibles, produits phytosanitaires et produits fertilisants ainsi que les dépenses de transport sur achats et ventes. Dès lors que l’exploitation valide ces deux indicateurs, elle a le droit à la certification « haute valeur environnementale« .
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Lumière sur les niveaux 1 et 2
Le niveau 1 de la certification environnementale repose sur le simple respect de la réglementation. Pour l’obtenir, l’exploitant réalise par auto-diagnostic un bilan environnemental, vérifié par un organisme de conseil habilité. Ce premier niveau place généralement l’exploitant dans une démarche de réflexion en vue de l’atteinte des niveaux 2 ou 3 de la certification environnementale.
Le niveau 2 repose sur des objectifs de moyens. Un arrêté définit le référentiel relatif à ce niveau de certification environnementale. Celui-ci est très proche du référentiel de l’agriculture raisonnée, avec des objectifs tout de même plus clairement énoncés : « adapter l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en fonction de la cible visée », « optimiser les apports [en eau] en fonction de l’état hydrique du sol et des besoins de la plante » ou encore « raisonner au plus juste les apports de fertilisants en vue de répondre aux besoins des plantes et de garantir un rendement et une qualité satisfaisants tout en limitant les fuites vers le milieu naturel ». Enfin, l’exploitant accède à cette certification directement, ou par l’intermédiaire de démarches préexistantes jugées équivalentes aux exigences du niveau 2.
S’y retrouver dans tous ces types d’agricultures
En France, les pouvoirs publics ne valident que trois démarches en matière d’approche environnementale en agriculture. Il s’agit de l’agriculture biologique, l’agriculture raisonnée et l’agriculture à haute valeur environnemental (HVE).
L’objectif de l’agriculture à haute valeur environnementale était de créer un compromis entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. La certification de niveau 3 met en valeur une exploitation qui donne une bonne place à l’environnement. Et ce, au-delà des exploitations pratiquant l’agriculture raisonnée. L’agriculture biologique a un cahier des charges allant encore plus loin. Notons que seule l’agriculture biologique proscrit le recours aux OGM.
Auteur : Matthieu Combe, journaliste de Natura Sciences