L214 dévoile une nouvelle enquête choc sur la maltraitance animale dans un abattoir. Après la vidéo du scandale de l’abattoir d’Alès, l’association L214 montre les coulisses d’un autre établissement du Gard, pourtant certifié bio par Ecocert. Au programme : des moutons jetés violemment contre des barrières, des employés rigolant en infligeant des décharges électriques, des animaux mal étourdis et encore conscients sur la chaîne d’abattage…
La souffrance animale est monnaie courante dans les élevages industriels, mais le bio a la réputation de respecter, autant que faire se peut, le bien-être animal, des champs à l’abattoir. Ce bien-être animal est l’une des conditions du cahier des charges de l’agriculture biologique, découlant du réglement européen (834/2007 CE). Il certifie que le bio « respecte des normes élevées en matière de bien-être animal» et que « toute souffrance […] est réduite au minimum pendant toute la durée de vie de l’animal, y compris lors de l’abattage ».
A la vue des images-chocs révélées par l’association L214, force est de constater que ces énoncés restent des voeux pieux. Cette vidéo tournée à l’abattoir du Vigan entre juin 2015 et février 2016 montre que cet établissement ne respecte même pas les normes minimales existantes pour tous les abattoirs. Il s’agit pourtant d’un petit établissement de proximité tourné vers les circuits courts... « On y tue chaque année 250 bovins, 200 cochons et 6 000 agneaux, soit 240 tonnes de viande par an, à peine 6 % des quantités débitées à l’abattoir d’Alès », relève Le Monde. 5 % de sa production est issue de l’agriculture biologique. L’établissement emploie trois salariés, et ses locaux, qui datent de 1985, ont été modernisés en 2010 et en 2014.
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Un étourdissement non respecté
Les abattages conventionnels prévoient un étourdissement préalable des animaux, afin qu’ils ne soient pas conscients lors de la mise à mort. Celui-ci se fait à l’aide de pinces électriques appliquées sur la tête des moutons et des cochons, et de pistolet à tige perforant le crâne des bovins. Si l’animal reste conscient, un second étourdissement doit être mis en oeuvre. Sur cette vidéo, la chaîne d’abattage semble barbare. Le matériel est défaillant et inadapté : un porcelet tombe à plusieurs reprises de la chaîne d’abattage, le box d’étourdissement des bovins n’est pas adapté aux bovins pourvus de cornes, la pince électrique pour étourdir les cochons est inefficace, des animaux se débattent la tête en bas…
Conformément à la réglementation européenne (854/2004 CE), un vétérinaire officiel devrait être présent chaque jour d’abattage pour procéder à des inspections et garantir le respect des normes de protection animale. Les images semblent laisser penser qu’un tel vétérinaire ne vient pas souvent.
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L’indignation et la consternation
L214 a porté plainte auprès du parquet d’Alès contre l’abattoir intercommunal du Vigan pour sévices graves contre cet abattoir, plainte appuyée par deux rapports d’experts. Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, a rapidement réagi en qualifiant ces pratiques d’« inacceptables » et « intolérables ». Il a immédiatement diligenté une enquête de la Brigade nationale d’enquête vétérinaire et phytosanitaire. L’abattoir a été fermé à titre conservatoire et le personnel suspendu jusqu’à nouvel ordre.
Par ailleurs, l’association a lancé une pétition pour demande une commission d’enquête sur tous les abattoirs. Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214, « Il est temps de regarder en face et avec honnêteté la réalité de l’abattage des animaux – une réalité dont même les abattoirs à taille humaine et certifiés ne peuvent masquer la cruauté. Nous demandons aux parlementaires de dépêcher une commission d’enquête pour faire la lumière sur des pratiques trop longtemps dissimulées au public. La souffrance des animaux et le droit à l’information doivent enfin être pris au sérieux. »
Vidéo choc de L214 sur l’abattoir bio du Gard
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com